François Hadji-Lazaro - En cet hiver de 1915, il m'avait dit qu'il vous aimait très fort

C'est arrivé au milieu des plaines
Ils ont tiré sans discontinuer
Lui, il a pris un éclat dès les premières salves
Il est retombé dans la tranchée

Oui Madame, je sais qu'on a dû vous prévenir
Le courrier de l'Etat-Major a dû vous parvenir
Moi Madame, j'étais comme son frère à ce martyr

Alors il fallait bien que je vous écrive
J'aurais tellement voulu qu'il survive

Il m'avait dit qu'il vous aimait très fort
Que ça serait vous, de la vie à la mort
Que vous étiez belle, qu'il vous aimerait toujours
Que c'était une grande histoire d'amour

En cet hiver de 1915
Peut-être la guerre va s'arrêter
Il serait retourné alors dans votre village,
Pour fêter l'arrêt de ce drame carnassier
Mais il n'en sera rien, il n'est plus avec nous
Vous ne mettrez pas de bébé sur ses genoux
Il avait l'air pourtant si doux

Madame, Madame, surtout ne pleurez pas
Il vous regarde depuis l'au-delà

Il m'avait dit qu'il vous aimait très fort
Que ça serait vous, de la vie à la mort
Que vous étiez belle, qu'il vous aimerait toujours
Que c'était une grande histoire d'amour

Vous avez sans doute, maintenant, reçu ma missive
Depuis, les combats ont redoublés
Je ne sais pas ce que vous en disent les gazettes
De toute façon les dés sont jetés

Pour ma part, ça y est, je ne suis plus
Le coup de baïonnette que j'ai reçu
M'a fait rejoindre votre aimé dans les nues
J'espère que des guerres, il n'y en aura plus

Il est inutile de répondre à mon message
On vous regarde depuis les nuages, Madame
Il est donc inutile de répondre à mon message
On vous regarde depuis les nuages.